La lecture expressive

Dans le cadre de mon stage dans l'enseignement spécialisé, ma maitresse de stage m'a demandé de travailler la lecture avec intonation. J'ai rencontré Madame Decamps afin de lui demander des idées et des conseils. Elle m'a proposé de lire un texte aux enfants sans mettre aucune intonation, en utilisant un débit et un volume inadaptés et en n'articulant pas.
Ensuite, je pourrais leur proposer de petits ateliers du type :
- lire un texte en jouant une émotion,
- lire des virelangues,
- etc.
Bien entendu, j'ai adoré ses idées et j'ai suivi ses précieux conseils.
Connaissant le grand intérêt des enfants de ma classe pour les histoires et les albums jeunesse, je me suis mise à la recherche d'un album adapté à cette activité dans ma bibliothèque personnelle, plutôt que de travailler sur un texte. J'ai sélectionné l'album Chut... dit l'Echo de Irena Trevisan et Luna Scortegagna, édité en 2019 en Italie par Sassi Editore srl. Cette histoire amusante avec des lumières et des sons à activer à chaque page allait me permettre de mettre en avant les intérêts de lire avec intonation.
Voici comment j'ai procédé :

J'ai lu l'histoire en changeant fréquemment ma manière de lire : tout bas, en criant, sans articuler, en articulant trop, très vite ou très lentement, en oubliant les liaisons ou en faisant des liaisons où il n'y en a pas.

Les enfants ont rigolé, se sont interrogés, m'ont dit qu'ils ne comprenaient rien, m'ont demandé pourquoi je criais tout à coup... J'étais ravie car c'était l'effet escompté ! Ils m'ont même demandé de recommencer, ce que j'ai fait bien entendu.
Ensuite, nous avons tenté de comprendre d'où venaient leurs ressentis. Les élèves ont trouvé tous les éléments que je souhaitais mettre en évidence. Pour les aider à trouver les dernières caractéristiques de la lecture expressive, je relisais de courts passages d'une certaine manière.
Après avoir dégagé toutes les caractéristiques, je leur ai montré l'affiche synthèse que j'avais créée et nous l'avons lue ensemble.
Puis, pour la déduction, les enfants devaient compléter une petite fiche en fonction de la manière dont je lisais. Chaque page du livre correspondait à un passage. J'annonçais le numéro du passage aux enfants et je changeais ma manière de lire à chaque page. Ils devaient alors indiquer le numéro du passage à côté de la caractéristique qui manquait à la lecture. Pour différencier, j'avais placé un pictogramme à côté de chaque caractéristique écrite. En effet, ma classe comptait un enfant avec dysphasie.


Nous avons procédé à une correction collective orale puis j'ai réalisé une lecture de l'album avec expression, pour le plaisir des enfants et aussi pour confirmer que cela donnait accès à la compréhension et rendait l'écoute bien plus agréable.
Lors de la deuxième séquence, les enfants ont rappelé ce que nous avions appris précédemment, puis nous avons relu l'affiche ensemble et je leur ai expliqué les ateliers auxquels ils allaient participer, tout en leur montrant le matériel. Pour différencier, j'avais fabriqué des chuchoteurs. Les enfants ne connaissaient pas encore et ont adoré. Cela a donné l'impulsion à ma maitresse de stage pour fabriquer les siens, chose à laquelle elle pensait en réalité depuis longtemps. Afin de suivre son parcours, chaque enfant avait une petite check-list reprenant les ateliers. Lorsqu'il avait terminé son atelier, il devait m'appeler. Je me rendais alors près de lui et lui demandais de me montrer, de le faire devant moi. Ensuite, je le félicitais et cochais la case sur sa liste. Tous les enfants ont bien participé et ont apprécié les ateliers. Nous avons bien ri.

Je joins à cet article ma préparation complète ainsi que des photos de l'album et du matériel utilisé lors des ateliers.
J'ai rédigé cet article dans la compétence Intelligence émotionnelle (intra-personnel), car elle a permis aux enfants de développer la leur. En effet, elle leur a demandé de se faire confiance, d'oser et de mimer des émotions. Cependant, j'aurais aussi pu le placer dans les compétences :
- Pensée innovante, car j'ai été créative et persévérante dans la conception de cette activité, et je n'ai pas eu peur de "faire le clown" devant les enfants ;
- Maitrise des savoirs de base et ressources, car j'ai dû maitriser la matière, le vocabulaire et trouver des textes pertinents ;
- Culture numérique, car j'ai utilisé des ressources en ligne pour les ateliers ;
- Travail en équipe, leadership, car j'ai offert une grande flexibilité spatiale aux enfants tout au long de l'activité ;
- Pensée critique, car j'ai dû observer et analyser les ressources trouvées en ligne afin de décider si elles étaient correctes et pertinentes dans le cadre de mon activité ;
- Communication (inter-personnel), car cette activité nécessitait une expression orale claire et précise pour que les enfants comprennent bien.