Les capacités
Durant mon stage dans le spécialisé, ma maitresse de stage m'a demandé de travailler les quatre stades des capacités. Je suis partie d'une leçon qu'une camarade m'avait partagée. Elle me semblait adaptée et complète. Les enfants travaillaient deux par deux en ateliers, et tous réalisaient le même atelier en même temps.
L'activité consistait à proposer des recettes de cocktails aux enfants, leur demander comment pouvoir les réaliser, puis leur permettre d'acquérir les savoirs et savoir-faire nécessaires à la confection des boissons. Enfin, après avoir découvert les notions utiles, ils réaliseraient les cocktails et les dégusteraient ensemble. Et c'est ainsi que j'ai démarré.
Cependant, après la première séquence, je me suis rendu compte qu'elle ne s'était pas déroulée de la manière la plus optimale. J'ai ressenti un besoin de modifier l'activité, tant pour les élèves que pour moi, bien qu'il n'y avait rien de perdu car les enfants avaient tout de même appris (notamment que la capacité du contenant ne dépend pas forcément de sa hauteur, les unités de mesure, etc.).
En fait, je n'étais pas très à l'aise avec cette leçon reprise, bien que je l'avais lue attentivement, adaptée quelque peu, et que j'avais conçu le matériel. En réalité, j'éprouve des difficultés à mener une leçon que je n'ai pas conçue, même si elle est très qualitative et très détaillée.
J'ai alors pris l'initiative de discuter de mon ressenti avec ma maitresse de stage, de lui demander son avis ainsi que des conseils pour la séquence suivante. Bien qu'elle appréciait la première activité et qu'elle l'ait validée, elle m'a écoutée attentivement, m'a comprise, puis a évoqué l'idée de faire plutôt des ateliers tournants abordant chacun l'un des stades de la grandeur. Je l'ai écoutée à mon tour et lui ai posé des questions de clarification. Elle me laissait le champ libre pour la suite car elle avait confiance en moi. J'ai décidé de suivre ses conseils, tout en concevant l'activité moi-même de A à Z. Je voulais absolument me sentir à l'aise et proposer aux enfants une activité intéressante, structurée et ludique.
J'ai passé toute mon après-journée à réfléchir à ces ateliers, à créer un tableau reprenant toutes les informations nécessaires, à construire et à tester le matériel, à rédiger le carnet de route des enfants.
Pour la différenciation, j'ai imprimé et plastifié des abaques vierges que les enfants pourraient utiliser avec un marqueur Velléda lors de la réalisation des exercices et/ou de l'évaluation. J'ai décidé de ne pas indiquer les unités conventionnelles en haut des colonnes pour deux raisons :
- les enfants devraient ainsi y réfléchir lors de la réalisation des exercices,
- l'institutrice pourrait les utiliser lorsqu'elle verrait d'autres grandeurs (je sais notamment qu'elle avait déjà vu les longueurs et qu'elle souhaitait voir les masses par la suite).
Dans les exercices et les évaluations, je veille toujours à :
- tracer une ligne épaisse entre les exercices,
- numéroter chacun d'entre eux,
- bien aérer mes feuilles,
- écrire en Arial, taille 12 voire plus grand, interligne 1,5.
Comme nous l'avons vu en psychologie du développement en Bac 2, cela ne gêne pas les enfants qui n'ont pas besoin d'adaptations, mais aide beaucoup certains enfants à besoins spécifiques.
Si mes exercices sont souvent nombreux et variés, mes évaluations sont toujours assez brèves et reprennent des énoncés du même type que ceux que les enfants ont réalisés en entrainement. En effet, nous avons vu en cours qu'il était inutile de faire de longues évaluations car, si l'enfant sait faire un ou deux items de chaque type, c'est qu'il sait faire les autres aussi. En revanche, il serait assez compliqué pour la plupart des élèves de devoir réaliser un type d'application jamais rencontré auparavant. Cela n'a pas de sens de le leur demander en guise d'évaluation. Ils rencontreront cela dans des activités fonctionnelles ou dans des projets par exemple.
La deuxième séquence de mon activité devait avoir lieu le mardi à 13h30, après la gymnastique. Lorsque je suis arrivée à l'école, l'éducateur m'a demandé si je voulais qu'il emmène deux enfants avec lui pour pouvoir faire mon activité sereinement, car visiblement ça avait été compliqué ce matin-là. Sachant que tous les élèves avaient très envie de réaliser les ateliers et les cocktails, j'ai refusé sa proposition. Mais j'ai bien sûr posé le cadre et les conditions : « Je sais que vous avez tous envie de participer à cette activité, et je sais de quoi vous êtes capables : travailler correctement, dans le calme. J'ai envie de vous faire confiance, donc vous restez tous. Mais montrez-moi que j'avais raison de le faire. Est-ce bien clair ? » Les enfants ont tous participé, ont pris du plaisir et le climat de classe était très agréable. Il n'y a pas eu de débordement, et de simples rappels à l'ordre avec un geste ou un mot ont suffi. Au terme de l'activité, l'un des élèves m'a dit : « C'était cool cette activité Madame, merci ! » Et là j'ai eu la confirmation que j'avais bien fait de persévérer.
Nous devions faire les cocktails avant de dîner mais, par manque de temps, nous les avons reportés l'après-midi du même jour, durant les ateliers jeux de société, après avoir demandé aux autres enseignants s'ils étaient d'accord que chacun garde ses élèves l'après-midi (normalement, lors des ateliers du mardi après-midi, tous les élèves de l'école tournent chez tous les enseignants et éducateurs, chaque membre du personnel s'occupant d'un atelier durant tout le trimestre).
J'ai choisi de placer cet article dans la compétence Pensée critique car il montre bien que je suis une praticienne réflexive. En effet, comme expliqué ci-dessus, j'ai observé les enfants durant la 1ère séquence, puis j'ai analysé ma démarche, je me suis autoévaluée et je me suis remise en question en demandant conseil à ma maitresse de stage. Cependant, j'aurais aussi pu le placer dans les compétences :
- Travail en équipe, leadership, car j'ai recherché l'aide de ma MS, elle a été ma tutrice et nous avons collaboré, j'ai proposé une flexibilité spatiale via les ateliers tournants et j'ai été flexible au niveau temporel en adaptant mes activités de la journée pour pouvoir terminer celle-ci ;
- Intelligence émotionnelle, car j'ai été attentive à mon ressenti et j'ai fait le nécessaire pour contrôler mes émotions et ma confiance en moi ;
- Agilité et adaptabilité, car j'ai dû me montrer flexible ;
- Pensée innovante, car j'ai pris des initiatives, j'ai osé tout changer la veille de la deuxième séquence, et je me suis montrée persévérante ;
- Citoyenneté globale, en lien avec les abaques plastifiés utilisables pour toutes les grandeurs ;
- Communication, car fait preuve d'habileté relationnelle et sociale ;
- Résolution de problèmes complexes, car il m'a fallu juger la situation et prendre la décision de modifier mon activité, ainsi que réfléchir à concevoir quelque chose de très structuré et organisé, clair pour les enfants, afin que cette fois tout se déroule au mieux.